La Loyauté d’une entreprise, le Professionnalisme des
Marins, La Productivité d’un Port, sacrifiées arbitrairement sur l’Hôtel de la « Liberté
d’Entreprise » ou la Promotion des Attitudes Voyous avec la complicité de
l’Administration.
« Avant quand je rentrais un Porte Container dans le Port, je ne me faisais pas une prise de tête avec les remorqueurs, ils « crochaient » presque naturellement sans que je m’en soucie réellement ,aujourd’hui avec le nouvel opérateur je m’aperçois que ce n’est pas si naturel…parfois çà se fait un peu dans la douleur » (Parole de Pilote) ou alors « Oui , çà va être un peu juste, tous nos remorqueurs sont occupés, essaye de le faire attendre » (Parole de dispatcher de la SNRH à un agent qui commandait des remorqueurs) , « Le niveau d’attente n’a pas encore atteint un niveau d’intolérance » (Parole du sous directeur du Port ) « Maintenant ce ne sont plus des attentes pures mais elles sont dissimulées » (Parole d’un officier de la Vigie) .
Ces extraits de conversation montrent toute la problématique de cette concurrence intra portuaire et du clientélisme induit par cette dernière. Dans cette bataille, ravivée aujourd’hui par la menace d’un plan social annonçé (50 suppressions d’emploi) par BOLUDA, force est de constater que nous assistons à la promotion des attitudes d’un patron voyou au détriment d’une entreprise au comportement « Loyal », les instigateurs de ce « drame social » espérant un jour le mariage des deux !!! Quand les réserves financières des deux compagnies seront épuisées par un combat plus discret, celui de la guerre commerciale, les deux opérateurs n’auront effectivement pas le choix et ce d’autant plus qu’ils y seront certainement poussés par le Port qui pour l’instant voit sa productivité diminuer par les attentes générées par le clientélisme induit par cette « concurrence imparfaite ». (Tarifs pratiqués plus ou moins cachés et bien inférieurs aux tarifs publics)
Les malfrats, qui n’en sont pas à leur premier coup, adeptes du chantage, du harcèlement et de la discrimination syndical (n’hésitant pas à acheter le délégué syndical qu’ils n’arrivent pas à virer) ont réussi leur première phase d’introduction sur le marché en communiquant sur les conditions de travail qu’ils qualifiaient de « privilégiées » des salariés de l’opérateur en place. Cette politique de communication présente un deuxième avantage (voulu ou non) pour les armateurs instigateurs de cette « concurrence » qui est d’entretenir et d’attiser la haine entre les salariés des deux compagnies. Les Armateurs mais aussi les autorités portuaires s’assurent ainsi contre le risque de grève avec blocage complet du port. Avec 2 opérateurs dont les salariés ne risquent jamais d’être solidaires, si l’un fait grève l’autre travaillera. Un service minimum « naturel » assuré.
Etait il nécessaire d’en arriver là ?Il n’est pas surprenant que pour arriver à leurs fins les instigateurs de ce projet de « concurrence » n’ont miser que sur une seule chose : le dumping social de l’opérateur entrant. La probabilité de réussite de leur projet est en effet très haute. L’histoire , malgré la « légendaire » solidarité des marins, n’a que très rarement vu des salariés d’une société d’Armement être solidaire des salariés d’une société d’armement concurrente.
Les Opérateurs de remorquage portuaire en sont aussi persuadés, tellement persuadés qu’à l’heure ou leurs réserves en trésorerie s’épuisent, et qu’il faut absolument trouver une issue de sortie ils ne se posent apparemment pas la question de jouer de leur poids pour faire payer le service de veille permanente qui leur est pourtant imposé par le Port. Ils ne s’interrogent pas, apparemment non plus, sur le fait que le Pilotage Portuaire est obligatoire, que le lamanage est obligatoire de fait et que le remorquage échappent à cette obligation et qu’il est laissé au libre choix d’un commandant de pétrolier de prendre 1 ou 2 remorqueurs ou même aucun. Si il est vrai que le Port peut imposer des remorqueurs supplémentaires en fonction des conditions météorologiques, cette possibilité n’est que très rarement utilisée. Pourquoi le remorquage échappe t il à cette obligation. ?
Et pourtant faire participer financièrement le Port au maintien d’une veille permanente est prévu par les directives Européennes, rien ne s’oppose non plus à négocier une obligation de remorquage avec les armateurs contre présentation d’une grille de tarif avantageuse. Ces mesures permettraient légalement de garder ou tout du moins minimiser les sorties de flotte de remorqueurs et de générer de meilleurs résultats dans les comptes des deux opérateurs. Cette subvention du port pour le maintien en veille permanente des remorqueurs, dont l’obtention serait liée à l’application des usages et réglementation entourant l’organisation du travail à bord des remorqueurs serait très incitative.
Mais je crois malheureusement que nous sommes déjà dans l’utopie !!! C’est bien les salariés qui sont en ligne de mire : salariés, dont la division profite à tous et qui seront pénalisés par un abaissement de leurs conditions de travail et de leur revenu. Victoire de l’irrationnel sur le rationnel. A moins d’un soubresaut de lucidité….. !! (A suivre….)